Rhizarthrose ou arthrose des doigts : symptômes, causes et traitements

  • Par Myriam Gorzkowski, mis à jour le 19/09/2024 à 11h09, publié le 17/03/2022 à 16h03
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Rhizarthrose ou arthrose des doigts : symptômes, causes et traitements
L’arthrose de la base du pouce est une maladie fréquente qui engendre une perte de la préhension et des douleurs quotidiennes. La rhizarthrose se manifeste par une déformation du pouce qui, sans rééducation ni soin dégénère, jusqu’à la perte de sensibilité et de mobilité. Pharma GDD vous explique ce qu’est cette pathologie récurrente chez la femme après 50 ans. Nous vous présenterons les causes, les symptômes et nous parlerons des solutions pour prévenir la maladie et des traitements pour soulager et redresser la colonne du pouce. 

Qu'est-ce que la rhizarthrose ?

La rhizarthrose correspond à l'arthrose de la base du pouce qui atteint l'articulation entre le trapèze et le premier métacarpien. Cette pathologie douloureuse de la main engendre une gêne fonctionnelle et esthétique. Au fil du temps, le pouce se déforme et devient plus raide réduisant la mobilité. On parle alors de pouce en col de cygne. Lorsque la pathologie atteint un stade important, le raidissement remplace la douleur. Cette pathologie apparaît souvent chez la femme de plus de 50 ans et souvent à chaque pouce à des stades cliniques variables. Dans la majeure partie des cas, la rhizarthrose débute dans la main dominante. La majeure partie des cas est idiopathique, c'est-à-dire sans cause exacte. Dans certains cas, l'arthrose du pouce peut être la conséquence d'une fracture, d'un rhumatisme ou d'une infection.

Quels sont les symptômes de la rhizarthrose ?

L'arthrose du pouce entraine une douleur et une diminution de préhension dans les gestes de tous les jours lorsque l'on utilise la pince pollici-digitale, c'est-à-dire le pouce et un autre doigt. Les gestes quotidiens comme ouvrir un bocal, tourner une clé dans une serrure ou ouvrir une fenêtre deviennent très compliqués. Au fur et à mesure, l'articulation se détériore puis entraine une luxation pour devenir une déformation caractéristique de la base du pouce.

Quelles sont les causes de la rhizarthrose ?

La rhizarthrose est une pathologie articulaire à 90% féminine qui se manifeste chez la femme à la suite de la ménopause. Le facteur hormonal comme la ménopause joue un rôle important. Les oestrogènes assurent une action protectrice du cartilage. Au cours de la ménopause, cette hormone chute considérablement favorisant l'ostéoporose et la rhizarthrose. L'âge engendre une usure du cartilage et sa fragilisation. Cela entraine le frottement du trapèze et du métacarpien, provoquant par la suite des douleurs. Les causes de l'arthrose dans la base du pouce sont encore mal connues, mais plusieurs facteurs peuvent cependant se combiner. 
Les lésions inflammatoires comme la polyarthrite rhumatoïde ou la chondrocalcinose peuvent altérer le cartilage. 
Des lésions traumatiques telles que les fractures, entorses ou luxations à répétition qui dégradent la solidité de l'articulation. Cela peut également être dû à une sollicitation intensive de l'articulation. Enfin, une dégénérescence ligamentaire ou Ulgar beak qui provoque une hyperlaxité de l'articulation.

Quels sont les facteurs favorisant l'arthrose du pouce ? 

L’arthrose du pouce est favorisée par : 
  • une activité professionnelle ou des loisirs demandant des mouvements répétés.
  • une hyperlaxité constitutionnelle, c'est-à-dire une souplesse inhabituelle du pouce pouvant être la cause de certaines pathologies comme la maladie de Marfan ou d'Ehler-Danlos.
  • des particularités anatomiques du trapèze.
D'autres pathologies peuvent accompagner la rhizarthrose comme les doigts à ressaut, les tendinites du poignet de De Quervain, et les tendinites du fléchisseur radial du carpe. Enfin, la rhizarthrose est observée dans 50% des cas de syndrome de canal carpien.

Quels sont les examens à effectuer en cas de rhizarthrose ?

Avant d'envisager un traitement, il est important de consulter un professionnel afin d'identifier la pathologie concernée. Un rhumatologue établira un protocole adapté pour évaluer le degré de la maladie. 

Examen clinique

Lors de la consultation préliminaire, le praticien se réfère à un questionnaire pour comprendre le contexte, les antécédents, le mode de vie et les symptômes ressentis. Pour que le médecin puisse cerner l'intensité de la maladie, il est conseillé de noter la fréquence, l'intensité et la nature des gestes ayants pu provoquer les douleurs et la perte de préhension.

En fonction du degré de la pathologie, vous serez orienté vers un chirurgien orthopédiste spécialiste des membres supérieurs qui effectuera deux examens. L'examen clinique consiste à répondre aux questions concernant les symptômes pour ensuite rechercher l'origine des craquements dans l'articulation trapézo-métacarpienne (ATM). Le spécialiste procède à une palpation de la zone douloureuse afin de rechercher de petits morceaux de cartilage ou d'une déformation de l'articulation en question. Un test musculaire de la pince pouce-index est réalisé et une appréciation des amplitudes de circumduction, c'est-à-dire la rotation du pouce. Une vérification de la diminution de la taille des muscles formant l'éminence thénar se situant sous le pouce.

Plusieurs autres tests sont effectués afin de mettre en évidence une atteinte de l'ATM.

Le Grind test consiste à mettre une compression axiale associée à une rotation pour favoriser la recherche de crépitement.
Le test de Glickel vise à révéler la subluxation de l'ATM en appuyant au niveau de la base du pouce pour la réduire. 
Le test de Kampandji offre un score par la mise en opposition du pouce aux autres doigts. Le score 10/10 correspond à la capacité de la pulpe du pouce à atteindre la base de l'auriculaire sans douleur. 
Le Cranck test exerce une compression axiale associée à des flexions extensions du poignet.
L'échelle canadienne Dash est un questionnaire de 30 items sur l'impact de la vie qu'engendre les divers symptômes. 

Examen radiologique

L'examen radiologique de face et de profil (indice de Kapandji) centrée sur l'ATM permet d'évaluer plus précisément la zone articulaire touchée. La radiographie assure la classification de l'atteinte arthrosique en différents stades pour mesurer la progression de la pathologie et ainsi adapter le traitement, orthèse, prise de médicament ou intervention. D'autres examens peuvent être prescrits comme un scanner ou une échographie. Cette dernière a pour but de mettre en évidence une possible atteinte associée des tendons et du canal carpien. 

Comment prévenir la rhizarthrose ?

Les compléments alimentaires à base de chondroïtine, de glucosamine ou encore d'harpagophytum contribuent au maintien de la santé articulaire. La chondroïtine tout comme la glucosamine fait partie de la matrice du cartilage articulaire. Ces deux éléments sont souvent présents dans de nombreux compléments alimentaires pour le confort articulaire. La chondroïtine aide à maintenir la mobilité et la flexibilité des articulations. La glucosamine est utile pour la mobilité des articulations, et contribue à préserver la structure et le degré d'élasticité du cartilage. L'harpagophytum aide à maintenir une bonne santé articulaire en contribuant à la mobilité et à la souplesse des articulations.
Des médicaments contenant du Diclofénac de diéthylamine ou encore Piasclédine sont indiqués pour soulager les douleurs articulaires, tout comme l'homéopathie avec les comprimés Rhus toxicodendron Tipurex.

 Il est possible d'éviter ou du moins apaiser la douleur et de conserver l'amplitude articulaire. Il est conseillé d'appliquer un linge chaud, un coussin thermique ou d'effectuer des bains de mains dans de l'eau chaude. La pose d'un cataplasme d'argile peut aussi aider. L'argile possède des vertus antidouleurs musculaires, articulaires et osseuses. Elle aide à décontracter les muscles et soulage les rhumatismes. 

Des séances de kinésithérapie aideront à conserver la mobilité des doigts et à ralentir l'enraidissement grâce à la rééducation. L’hydrothérapie, la balnéothérapie ou encore la cure thermale peuvent aider à réduire les symptômes et la progression de l’arthrose du pouce grâce la chaleur de l'eau, la puissance des jets ou encore la présence des oligo-éléments que contient l'eau thermale ou l'eau de mer.

Les orthèses en cas de rhizarthrose 

Il existe de nombreuses orthèses et attelles. Il n'est pas toujours facile de savoir quel accessoire convient. L'attelle de pouce protège et stabilise l'articulation atteinte. Elle permet le réalignement osseux en position de repos, aide à soulager la douleur et contribue à limiter l'évolution et la déformation de l'arthrose du pouce. 

L'orthèse de pouce souple convient en relai d'une orthèse rigide seule ou après une intervention chirurgicale. Fine et légère, elle garantit un confort et une discrétion et une parfaite fonctionnalité de la main. Tel un gant, elle s'enfile facilement.

L'orthèse de pouce peut être portée en permanence ou par intermittence. 

L'orthèse d'immobilisation permet de stabiliser la colonne du pouce, réduit les douleurs et laisse la première phalange libre de ses mouvements, ce qui lui permet de conserver la capacité de préhension. Divers modèles offrent une fermeture auto agrippante ou une structure exosquelette avec fermeture Boa. 

Les attelles de pouce rigides immobilisent le pouce en position fixe pour éviter toute douleur, mais laissent le poignet et l'articulation de la première phalange libre. Elles peuvent être utilisées jour et nuit ou seulement la nuit.

L’orthèse de jour est plus ou moins souple et permet de soulager la douleur sans empêcher les gestes. Elle s’enfile puis se sert au niveau de la base du poignet grâce à une fermeture auto-agrippante.

L'orthèse de nuit ou de repos est rigide. Elle sert à soulager et à réaligner la colonne du pouce ou à défaut à limiter la déviation. Elle maintient le pouce en position de repos en alignant les os pour limiter les forces qui s'exercent sur l'articulation trapézo-métacarpienne. 

L’attelle thermoformée aide à soulager les douleurs articulaires à la base du pouce et limite l'évolution de la rhizarthrose. Elle s’adapte parfaitement à la main, car elle prend la forme de cette dernière. L'orthèse thermoformée devient souple lorsqu'elle est immergée dans l'eau chaude. Il suffit de l'enfiler pour qu'elle prenne la forme de la main. Après quelques minutes, elle durcit et devient rigide assurant un maintien parfait. D’autres modèles nécessitent l’utilisation d’un four spécial pour être thermoformés.


En savoir plus : Comment choisir son attelle de doigt ?​​​​​​

Quels sont les traitements de l'arthrose du pouce ?

Le repos, les anti-inflammatoires, une attelle thermoformée sur mesure à porter la nuit pour maintenir le pouce en bonne position sont les solutions appropriées.
Après 6 mois à 1 an de port d'orthèse ne concluant pas à une amélioration, une intervention chirurgicale pourra être envisagée.

Il existe trois types d'intervention en fonction de l'âge, de la destruction de l'articulation, du travail et si l'arthrose touche la main dominante. 

L'arthrodèse consiste à fusionner le premier métacarpien et le trapèze pour mobiliser l'articulation et ainsi réduire les douleurs.

La trapézectomie est une intervention qui consiste à ôter l'os malade. En compensation, de la perte de l'os, une ligamentoplastie permettra de stabiliser le pouce. Cela se présente par l'utilisation d'un tendon du voisinage qui est en lien avec le premier métacarpien. La trapézectomie apporte un avantage de taille, car elle n'engendre pas de risques infectieux, car il n'y a pas d'insertion de corps étranger et permet de conserver partiellement la mobilité du pouce. Il faut cependant savoir que cette solution ne corrige pas la déformation et implique une perte de la fonction et de la force de la pince pouce-index.

La prothèse trapezo-métacarpienne munie d'une tête sphérique métallique qui s'articule dans une cupule trapézienne en polyéthylène ou en métal. Cette intervention demande qu'il n'y ait pas d'atteinte de la première commissure et que le trapèze et le métacarpien soient en bon état pour que la prothèse puisse être bien positionnée et scellée. La prothèse est la solution davantage adaptée aux personnes ayants plus de 70 ans qui n'appliqueront pas une force importante sur la prothèse. Il faut savoir que celle-ci possède des risques de complications comme la luxation ou de descellement.

Ces interventions se font en ambulatoire ou demandent une nuit d'hospitalisation. Une attelle maintenant le pouce écarté permettra d'éviter les douleurs et de faciliter la cicatrisation.

Évolutions après le traitement

Après toute intervention de la rhizarthrose sous arthroscopie ou par la pose d'une prothèse, le patient doit porter une attelle amovible afin de maintenir le pouce écarté durant 3 semaines. Cela a pour but d'assurer une bonne cicatrisation.

Concernant les interventions sous arthroscopie ou la pose de prothèse, des exercices passifs permettront de récupérer de la mobilité au niveau de l'articulation et d'autres actifs après le 2ème mois suivant l'opération assureront une récupération de la force. Après 2 à 3 mois, le patient aura la possibilité de reprendre les activités sportives ou manuelles sollicitant le pouce.
 
Pour la trapézectomie, la convalescence est plus longue. L'orthèse de pouce est à conserver pendant 6 semaines et la rééducation dure 3 à 4 semaines pour une récupération totale au bout de 4 à 6 mois. Après une opération de la rhizarthrose, la douleur aura disparu.

Des accessoires de rééducation peuvent aider à retrouver une préhension et récupérer plus de mobilité.

À retenir

La rhizarthrose est une maladie fréquente qui, rapidement prise en charge peut être stoppée ou réduite. Des interventions chirurgicales apportent l’ultime solution pour traiter la maladie et la douleur associée. Il est important de réagir dès les symptômes ressentis régulièrement et au cours de gestes bien spécifiques pour contrecarrer sa progression. Des orthèses, des attelles, des cataplasmes et des séances de kinésithérapie peuvent aider à stopper l’arthrose du pouce.

Sources :
Claude Heymonet, "Les plantes à visée anti-inflammatoire utilisées en phytothérapie", 2013, Université de Lorraine
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24815409/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3941227/