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Comprendre l'apnée du sommeil

  • Par Myriam Gorzkowski, mis à jour le 26/03/2024 à 17h03, publié le 03/01/2018 à 09h01
  • Temps de lecture : ~ 0 minutes
Comprendre l'apnée du sommeil
L’apnée du sommeil désigne un nombre anormalement élevé d’interruptions (apnées) ou de réductions (hypopnées) non contrôlées de la respiration pendant le sommeil. Cela entraîne des micro-réveils lorsque le cerveau comprend qu’il ne reçoit plus d’oxygène, et perturbe donc les cycles du sommeil et la qualité de celui-ci.

Ce trouble du sommeil toucherait environ 5 % de la population française, ce qui en fait un des plus courants avec l’insomnie et le syndrome des jambes sans repos. Il n’est pourtant pas diagnostiqué dans environ 80 % des cas, car les personnes atteintes n’en ont pas conscience et pensent dormir normalement.

Pour bien comprendre ce trouble et connaître les solutions qui existent pour le traiter, les pharmaciens de Pharma GDD ont fait le tour du sujet, et vous proposent leurs conseils.

 

Définition de l’apnée du sommeil

L’apnée du sommeil se caractérise donc par une interruption involontaire du rythme normal de la respiration, d’une durée d’au moins 10 secondes. Elles sont considérées comme problématiques à partir du moment où elles surviennent plus de 5 fois par heure, au quel cas on commence à parler d’apnée du sommeil légère. Au-delà de 15 interruptions par heure, on parle alors d’apnée du sommeil modérée, et passées les 30 interruptions par heure, il est alors question d’apnée du sommeil sévère. 

On distingue cependant plusieurs types d’apnées du sommeil :
  • Les plus fréquentes sont regroupées sous le nom de syndrome des apnées obstructives du sommeil (SAOS), qui sont dues à des obstructions répétées partielles ou totales des conduits respiratoires situés au fond de la gorge.
  • Dans les cas de dysfonctionnement des commandes respiratoires, c’est-à-dire lorsque le cerveau ne donne plus l’ordre de respirer, on parle alors d’un syndrome d’apnée du sommeil central (SASC).
  • Dans certains cas, des personnes sont atteintes à la fois de SAOS et et SASC, il est alors question de syndrome d’apnées du sommeil mixtes.
  • Beaucoup plus rare et bien moins connu, le syndrome d’obésité hypoventilation (SOH), qui touche environ 10 % des patients obèses, en raison des excès de graisse au niveau du cou qui créent des arrêts respiratoires récurrents, et empêchent de rejeter en quantité suffisante le dioxyde de carbone, pouvant créer de nombreuses complications.
Comme les apnées se produisent pendant le sommeil, et n’entraînent que des micro-réveils dont les sujets n’ont pas conscience, le diagnostic de ce trouble du sommeil est rendu plus difficile. Certains symptômes se reportant pendant la journée peuvent cependant alerter l’individu.
 

Les symptômes de l’apnée du sommeil

Les signes de l’apnée du sommeil les plus courants sont liés à la mauvaise qualité du sommeil, ou au fait que celui-ci soit trop fractionné. Ainsi, on y retrouve le plus souvent :
  • des ronflements importants
  • une somnolence et des endormissements fréquents durant la journée
  • l’impression de ne pas avoir dormi
  • un excès de fatigue pendant la journée
  • de l’irritabilité, de la nervosité, parfois un sentiment dépressif
  • des maux de tête récurrents, souvent au réveil
  • une sensation de suffoquer et d’étouffer pendant la nuit
  • une baisse des performances professionnelles ou des résultats scolaires
  • des troubles de la mémoire
Si un ou plusieurs de ces symptômes surviennent, il est conseillé de consulter son médecin traitant ou un spécialiste du sommeil, pour vérifier s’ils sont en lien avec des apnées du sommeil.
 

Quelles en sont les causes ?

Dans le cas du syndrome des apnées obstructives du sommeil, qui est le plus répandu puisqu’il concerne entre 80 et 90 % des personnes touchées, l’élément déclencheur est purement physiologique. Cela est en effet dû à un relâchement des muscles de la gorge ou de la langue, qui viennent bloquer le larynx et empêchent ainsi l’air de circuler correctement. Les personnes en état d’obésité peuvent aussi être sujettes aux SAOS lorsqu’elles ont un excès de graisse au niveau du cou, qui entraînent un blocage des voies respiratoires.

Le syndrome d’apnée du sommeil central est lui beaucoup plus rare, et s’accompagne la majorité du temps d’un SAOS. Lorsqu’il survient, il n’y a pas d’obstruction, mais le mécanisme de respiration est purement inactif pour quelques secondes, car le système nerveux n’en délivre pas l’ordre. Très souvent, ce syndrome est associé à la respiration de Cheyne-Stokes, c’est-à-dire un rythme respiratoire anormal sur des périodes régulières, qui se caractérise par l’alternance de respirations de forte amplitude (hyperpnées) avec des périodes d’apnée centrale.
 

Apnée du sommeil : prévalence et facteurs de risque

Certains éléments sont susceptibles de favoriser les apnées du sommeil :
  • L’obésité est le premier d’entre eux, notamment en raison des excès de graisse qui diminuent les voies respiratoires. Le risque de développer des apnées du sommeil est alors en moyenne 7 fois plus important.
  • L’âge favorise également l’apparition des apnées, puisqu’après 65 ans il y aurait entre 2 à 3 fois plus de chances d’en voir survenir, notamment en raison de la réduction de la masse musculaire.
  • Le sexe, car les hommes sont beaucoup plus concernés que les femmes.
  • Des anomalies des voies respiratoires ou de la mâchoire, soit parce qu’elles sont trop étroites, soit parce que les amygdales sont trop volumineuses ou que la mâchoire est trop imposante ou déformée. Cela peut être dû à une prédisposition génétique.
  • La largeur du cou augmente également les risques si la circonférence de celui-ci est trop grande.
  • Les obstructions nasales récurrentes peuvent aussi déclencher des apnées du sommeil à moyen terme.
  • La consommation d’alcool, de tabac ou de drogues est aussi susceptible d’aggraver les symptômes, l’alcool et certaines drogues entraînant un relâchement naturel des muscles, le tabac créant des inflammations au niveau des voies respiratoires.
  • La prise de certains médicaments comme les somnifères, les anxiolytiques ou les relaxants musculaires joue également un rôle négatif.
  • Le diabète de type 2 favorise aussi leur apparition, même si les raisons en sont encore assez mal comprises, mais on remarque un nombre de personnes touchées bien supérieur parmi les personnes atteintes de cette maladie.
 

Quelles conséquences de ce trouble du sommeil sur court et long terme ?

Outre les symptômes diurnes que les apnées du sommeil peuvent entraîner, ce trouble du sommeil peut aussi avoir des conséquences sur le court comme sur le long terme. Il a par exemple été démontré que les risques d’accident de la circulation ou en milieu professionnel augmentent significativement chez les personnes touchées, ceci étant dû aux épisodes de somnolence accrus et aux manques de concentration résultant de la fatigue excessive.

Lorsque l’on considère une période d’analyse plus longue, on observe très régulièrement des conséquences au niveau cardiovasculaire et métabolique. Les micro-réveils brutaux et les manques d’oxygénation du cerveau entraînent des augmentations du rythme cardiaque et de la pression artérielle, ce qui favorise les risques de développer une insuffisance cardiaque, de l’hypertension artérielle ou une maladie coronarienne, et sont aussi plus enclins à subir un AVC ou un infarctus.

Les apnées du sommeil étant enfin source de davantage de fatigue, elles ont tendance à sabrer la motivation des personnes qui les subissent, réduisant ainsi les pratiques physiques et sportives, mais augmentant les risques de prendre du poids et de se sédentariser, avec toutes les conséquences néfastes que cela peut avoir pour l’organisme et le métabolisme.
 

Comment se diagnostiquent les apnées du sommeil ?

La première chose à faire en cas de suspicion est de consulter son médecin généraliste. Ce dernier pourra tout d’abord demander la réalisation d’un questionnaire, appelé le test de somnolence d’Epworth, qui permet de se faire une première opinion sur la gravité du trouble, si celui-ci est confirmé. Il peut également demander la tenue d’un agenda, dans lequel le sujet va noter ses heures de coucher et de lever, ainsi que ses réveils nocturnes et ses tendances à la somnolence ou à une fatigue intense au cours de la journée.

Si les doutes se confirment, le médecin pourra prescrire une visite chez un spécialiste ou dans un centre du sommeil pour un diagnostic précis. Ceux-ci peuvent être réalisés par le biais de 2 méthodes différentes :
  • Une polygraphie ventilatoire nocturne, qui se fait à domicile par le biais d’une machine qui enregistre les mouvements respiratoires, le débit d’air entrant et sortant des narines, ainsi que l’électrocardiogramme, pour une durée minimum de 6 heures.
  • Une polysomnographie, qui se fait dans un centre spécialisé, et qui est encore plus complète que la première technique, puisqu’elle enregistre également l’activité cérébrale, l’activité musculaire ou encore les mouvements des globes oculaires. Cela permet de confirmer la gravité de l’apnée du sommeil, en prenant en compte leur durée mais surtout les stades du sommeil pendant lesquels elles apparaissent, ainsi que leur fréquence.
 

Apnées du sommeil : mesures et traitements possibles

Médicaments

Il n’existe pas à l’heure actuelle de traitement médicamenteux permettant de soigner directement les apnées du sommeil. Les seules solutions qui sont utilisées dans certains cas sont les corticoïdes par voie nasale, en cas de rhinite allergique ou d’inflammation des voies respiratoires, car ils facilitent ainsi quelque peu le passage de l’air. Encore plus exceptionnellement, des anti-reflux peuvent être prescrits en cas de reflux gastro-œsophagiens, afin de ne pas risquer d’obstruer davantage les voies respiratoires. Des stimulants peuvent aussi avoir une utilité, mais pendant la journée afin de contrer les épisodes de somnolence trop importants.
 

Hygiène de vie

Des mesures hygiéno-diététiques peuvent cependant être prises dans le but de limiter ce trouble du sommeil, à savoir dans un premier temps surveiller son poids en pratiquant une activité physique, et en modifiant ses habitudes alimentaires. Une chambre propice à un repos efficace est également un avantage, il est ainsi conseillé de dormir dans l’obscurité la plus complète, sans bruit, en évitant les températures excessives et en aérant la pièce au moins une fois par jour. Se coucher à des heures régulières et adopter un rythme de sommeil stable favorise aussi la récupération. Dormir sur le côté permettrait de limiter les apnées, il est ainsi possible pour éviter de se retourner pendant la nuit de mettre un oreiller derrière son dos. Il est enfin important de supprimer les consommations d’excitants quelques heures avant de se coucher (café, thé, alcool, …), d’éviter au maximum voire de bannir les sédatifs tels que les somnifères et les anxiolytiques, et bien entendu d’arrêter de fumer.
 

Orthèse et PPC

Un traitement a cependant fait ses preuves et s’est de plus en plus développé ces dernières années, à savoir la Pression Positive Continue (PPC). Elle est un peu contraignante car elle consiste en un appareil qui se place au chevet du patient, et qui envoie de l’air sous pression par le biais d’un masque pour qu’il puisse circuler sans obstacles. Cela permet de maintenir les voies respiratoires ouvertes continuellement, et aide en conséquence à retrouver un sommeil réparateur et plus profond. Il arrive que des patients insuffisants respiratoires soient également équipés d'une PPC. Dans ce cas un raccord d'enrichissement d'oxygène est nécessaire.

Certaines personnes ne supportent cependant pas ce dispositif, soit à cause d’une intolérance, soit par strict refus. Dans ces cas, une orthèse d’avancée mandibulaire est prescrite. Il s’agit d’un dispositif médical fabriqué sur-mesure, qui a pour objectif de maintenir la mâchoire inférieure dans une position plus avancée pendant le sommeil, ce qui permet de faciliter le passage de l’air au niveau des voies aériennes supérieures. Cela nécessite moins d’efforts d’adaptation et suffit aux personnes subissant des apnées du sommeil légères à modérées.
 

Chirurgie

Dans les cas les plus avancés, une chirurgie peut aussi être nécessaire. La plus répandue est l’uvulo-palato-pharyngoplastie, qui consiste à retirer une partie du palais mou ainsi que la luette. Cette technique est cependant efficace dans seulement un cas sur deux, car elle n’empêche pas l’affaissement de la gorge. Une deuxième méthode, principalement utilisée en cas d’apnée du sommeil chez l’enfant, est l’amygdalectomie ou l’adénoïdictomie, dont le but est de retirer les amygdales ou les végétations adénoïdes pour encourager la circulation de l’air. En cas d’anomalie de la cloison nasale ou des sinus, une chirurgie correctrice peut être prescrite, et dans les cas les plus graves où même une PPC est inutile, une trachéotomie peut être indiquée, mais cela reste très rare.



Les apnées du sommeil sont donc relativement courantes, mais encore très peu diagnostiquées en raison de la difficulté pour le sujet à s’en rendre compte, comme cela survient pendant son sommeil. Les conséquences peuvent pourtant être assez graves à court comme à long terme, et il est donc nécessaire d’aller consulter si des symptômes comme des excès de somnolence ou une fatigue intense surviennent, car des solutions existent pour améliorer la situation.

En effet, des mesures simples relatives à l’hygiène de vie et au rituel du sommeil peuvent être adoptées, mais les progrès technologiques ont aussi permis de mettre au point les appareils à Pression Positive Continue et les orthèses d’avancée mandibulaires, qui offrent des progrès spectaculaires et évitent d’avoir recours à la chirurgie pour traiter ce trouble du sommeil.


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