Pancréatite : d’où vient cette inflammation du pancréas, comment la traiter ?

La pancréatite est une inflammation du pancréas qui entraîne de violentes douleurs abdominales. Son traitement consiste en une prise en charge de la douleur mais peut parfois nécessiter une intervention chirurgicale. Causes, symptômes, prise en charge, prévention… On fait le point.

Quelle est la fonction du pancréas ?

Le pancréas est une glande permettant la digestion des aliments lorsque ceux-ci quittent l'estomac et s'engagent dans l'intestin. Le pancréas fabrique également l'insuline, hormone qui agit sur l'équilibre du taux de sucre dans l'organisme.

Qu'est-ce qu'une pancréatite aiguë ?

La pancréatite est une inflammation du pancréas qui survient en quelques heures ou quelques jours et régresse spontanément dans 80% des cas. L’inflammation commence par affecter le tissu responsable de la sécrétion enzymatique pancréatique puis touche le tissu endocrine, responsable de la sécrétion d’hormones destinées à la glycorégulation.

Dans les cas graves, la pancréatite peut entraîner des complications irréversibles : insuffisance pancréatique, lésions d’organes vitaux, syndrome de détresse respiratoire aiguë, infection de la nécrose pancréatique, hémorragies…

Quelles sont les causes d’une pancréatite ?

Les causes d’une pancréatite sont :

L'alcoolisme chronique

Il est responsable de près de 80% des pancréatites chroniques et de 30% des pancréatites aiguës. Les hommes sont les plus touchés avec un âge moyen de survenue aux alentours de 40 ans.

L’alcool a une action toxique sur les cellules du pancréas et favorise l’activation des enzymes digestives qu’elles produisent. Ces enzymes attaquent le tissu pancréatique et entrainent son inflammation. Plus les quantités d’alcool consommées sont importantes sur une longue période, plus le risque est élevé.

Les calculs biliaires

Ils sont responsables de 40% des poussées de pancréatite aiguë. Des calculs localisés dans la vésicule biliaire migrent dans la voie biliaire principale, entre la vésicule et le pancréas. Lors de son déplacement, le calcul peut obstruer le canal pancréatique principal. Le liquide contenant les enzymes digestives produites par le pancréas n’est plus évacué et les enzymes attaquent les cellules pancréatiques.

Le cancer ou une tumeur bénigne du pancréas

Ils sont à l’origine de près de 10% des pancréatites. Un cancer du pancréas peut être révélé pas une crise pancréatique.

D’autres causes…

• une anomalie génétique
• une maladie auto-immune associée à la pancréatite auto-immune
• la prise de certains médicaments comme la pentamidine, un antiparasitaire, la didanosine, utilisé pour des traitements du VIH, certains diurétiques…
• des antécédents familiaux de pancréatite chronique
• une hypertriglycéridémie sévère (supérieure à 10 mg/L sang), elle-même liée à une alimentation déséquilibrée ou hypercalorique
• Des anomalies anatomiques des canaux pancréatiques.

Quels sont les symptômes de la pancréatite aiguë ?

Les symptômes de la pancréatite aiguë sont :

• une douleur abdominale intense et d’apparition brutale qui peut irradier dans le dos et qui augmente après les repas.
• un abdomen gonflé et douloureux au toucher
• des nausées et vomissements
• de la fièvre
• une augmentation du rythme cardiaque
• un patient soulagé par une position antalgique en "chien de fusil"
• un syndrome occlusif qui se traduit par un arrêt complet du transit intestinal. Avec pour conséquences, un arrêt des matières fécales, des gaz, vomissements et ballonnements abdominaux.

Et ceux de la pancréatite chronique…

Les crises douloureuses durent de quelques heures à quelques jours et sont séparées par des épisodes de rémissions. Elles surviennent souvent après un repas. Elles s’accompagnent d’un amaigrissement important et de selles fréquentes et grasses.
La pancréatite chronique évolue en quatre phases : une phase asymptomatique ; des crises de pancréatiques aiguës entrecoupées de rémissions ; des douleurs aiguës et chroniques et une insuffisance pancréatique marquée par une diminution de la douleur.

Quelles sont les complications ?

Les complications de la pancréatite sont :

• un état de choc associé à une chute importante de la pression artérielle et à une défaillance cardiovasculaire
• un syndrome de détresse respiratoire aiguë qui peut nécessiter une ventilation artificielle
• une insuffisance rénale chez un patient sur cinq
• une surinfection de la nécrose pancréatique retrouvée dans 20 à 40% des cas de pancréatites aiguës. Cette surinfection est la cause de 50 à 80% des décès.
• la formation de collections nécrotiques organisées ou de pseudo-kystes pancréatiques. Ces affections régressent généralement spontanément, mais un drainage par endoscopie peut être envisagé pour les traiter.

Quels examens sont réalisés ?

L’examen clinique peut être complété par des dosages biologiques.
Les marqueurs sanguins sont :

• augmentation des enzymes du pancréas (amylase et lipase)
• augmentation des globules blancs.

D’autres perturbations biologiques vont définir la gravité de la pancréatite et permettre d'établir la cause. Un bilan hépatique est parfois proposé.
Les examens d’imagerie vont confirmer et évaluer la sévérité de la pancréatite. Parmi ces examens :

• une échographie abdominale qui permet de visualiser d’éventuels calculs biliaires
• une tomodensitométrie TDM (ou scanner) qui permet d’évaluer le degré de gravité et l’atteinte éventuelle des structures avoisinantes.

Quel est le traitement de la pancréatite aiguë ?

Le traitement est symptomatique. Il passe par

• des médicaments antiémétiques contre les vomissements, des antidouleurs opiacés, parfois des antibiotiques
• un rééquilibrage hydro-électrique par des perfusions de sérum salé fortement minéralisé
• un régime alimentaire adapté.

En cas de pancréatite aiguë grave s’ajoutent

• une hospitalisation dans un service de soins intensifs avec mise sous oxygène
• des médicaments par voie parentérale : antalgiques opiacés à fortes doses, antiémétiques et antibiotiques
• un jeûne tant que les douleurs persistent avec alimentation assurée par une sonde
• un drainage chirurgical des coulées de nécrose si besoin.

Quel est le traitement de la pancréatite chronique ?

Pendant les crises douloureuses, le traitement consiste en la prise d’antalgiques associés à un jeûne. Le paracétamol est prescrit en première intention. En cas d’échec, des morphiniques ou des médicaments à visée neuropathique peuvent être prescrits. En cas de jeûne prolongé, une alimentation par sonde peut être proposée. En dehors des crises, un régime alimentaire adapté ainsi qu’un sevrage alcoolique et tabagique doivent être mis en place.

Quelles sont les précautions à prendre ?

Il semble difficile de prévenir l’apparition de la pancréatite. Cependant, certaines précautions permettent de diminuer les risques de développer cette affection.
Parmi ces précautions :

• traiter un alcoolisme chronique
• éviter la consommation excessive d’alcool
• maintenir un IMC, Indice de masse corporel normal avec une alimentation équilibrée et une activité physique régulière
• éviter le tabac ou effectuer un sevrage tabagique
• prévenir l’apparition de calculs biliaires. Après un premier épisode de pancréatite causé par un calcul biliaire, une chirurgie de la vésicule biliaire permet de prévenir d’autres crises.
• arrêter un traitement ayant provoqué un premier épisode de pancréatite.

Et surtout : consulter un médecin en cas de symptômes évocateurs.

À retenir

La pancréatite aiguë se traduit par des douleurs abdominales qui surviennent brutalement. Cette maladie régresse dans 80 % des cas mais des complications graves dont une surinfection peuvent survenir.