Calendrier vaccinal

  • Par Myriam Gorzkowski, mis à jour le 12/07/2024 à 15h07, publié le 03/06/2015 à 09h06
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Calendrier vaccinal
Depuis le 1er janvier 2018, le nombre de vaccins obligatoires pour les enfants nés à partir de cette date, est passé de 3 à 11. A ceux, déjà en vigueur depuis plusieurs années, contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite s’ajoutent désormais ceux contre la coqueluche, la rougeole, les oreillons, la rubéole, le méningocoque C, l’hépatite B, le pneumocoque et l’haemophilus influenzae de type B.

Cette addition surprise et soudaine a eu le don de soulever de nombreux questionnements quant à sa légitimité et parfois même l’ire de certains parents qui ne sont pas particulièrement adeptes de la vaccination. Mais alors pourquoi cette extension et que sont précisément ces vaccins qui bénéficient d’une si soudaine attention ?
 

Les arguments d’un nouveau calendrier vaccinal

Petite histoire de la vaccination

Les premiers témoignages historiques d’un principe de protection remontent au XVIIème siècle lors duquel de nombreuses civilisations connurent plusieurs épidémies de variole aux quatre coins du monde. C’est à cette époque que les premiers vaccins furent élaborés selon différents modes d’administration propre à chaque peuple dont la méthodologie n’était encore que balbutiante. Mais l’idée était déjà là, à savoir inoculer une forme bénigne du virus chez des personnes saines afin de les prémunir contre la maladie tout au long de leur vie.

Le véritable point de départ de l’inoculation telle qu’on la connaît aujourd’hui prend sa source dans les travaux d’un chimiste et physicien français dont le nom résonnera encore pour longtemps dans le panthéon de la microbiologie : Louis Pasteur. Ce dernier développe à la fin du XIXème siècle plusieurs vaccins avec en point d’orgue celui contre la rage et jette les bases d’une vaccination généralisée et institutionnalisée.

Dès lors, de nombreuses maladies rejoindront progressivement le giron des inoculations bénignes quittant par la même occasion le statut de menace de mortalité massive, à tel point que la plupart d’entre elles sont devenues, jusqu’à récemment, des affections d’un autre temps et considérées, à tort, comme totalement inoffensives.
 

Les raisons de l’ajout de nouveaux vaccins

Depuis quelques années certaines maladies que l’on croyait en voie d’éradication ont refait surface et ont tué de nouveau. C’est le cas de la rougeole qui, en 2008, a fait 20 victimes mortelles ou encore de la méningite qui terrasse chaque année plusieurs dizaines de personnes. Mais au final, cette recrudescence virale est-elle vraiment si étonnante ? Pas tant que ça si l’on y pense. En effet, le vaccin n’est pas, comme l’imaginaire collectif peut parfois le résumer, un antidote mais bien une forme non infectieuse du virus qui permet d’éduquer le système immunitaire à se défendre par lui-même lors d’une éventuelle confrontation au véritable parasite. Et c’est à travers ce constat que le gouvernement s’est rendu compte que le taux de couverture vaccinale avait précisément chuté et ouvert de larges brèches au retour des maladies que l’on croyait éteintes. D’autant plus que la défiance des Français à l’égard de la vaccination, suite à plusieurs scandales qui ont émaillé l’assistance publique parfois même sans rapport avec l’inoculation, a poussé les Français à omettre délibérément, les uns leurs rappels, les autres les vaccins eux-mêmes. En effet, 41 % des Français prétendaient en 2016 que ces derniers n’étaient pas sûrs.

Et pourtant la vaccination reste le moyen le plus fiable pour combattre les nombreux virus qui cohabitent avec nous. Mais elle n’est efficace que si elle embrasse la population dans son entièreté. La quasi disparition de la poliomyélite, de la diphtérie et du tétanos en est d’ailleurs la preuve. C’est pourquoi les autorités ont décidé de prendre le taureau par les cornes et d’imposer un nouveau calendrier vaccinal à compter de 2018 avec la perspective de contrecarrer tout autant les dissidences que la négligence de ses concitoyens. Le deuxième argument avancé par le ministère de la Santé rappel que les 8 nouveaux vaccins obligatoires étaient préalablement « recommandés » dès le plus jeune âge, pour ne pas dire fortement indiqués. Et malgré la défiance de ces dernières années, la majorité des Français adoptait également le principe de précaution en vaccinant leurs enfants. Aussi s’agit-il plutôt d’une systématisation que d’une imposition à proprement parlé. C’est en tous cas comme ça que le gouvernement propose de voir les choses.

Les recommandations de 2021

De nouvelles recommandations vaccinales ont été publiées par le ministère de la Santé en avril 2021. Les principaux changements portent sur la stratégie vaccinale contre les papillomavirus et contre la grippe. La vaccination contre le Covid-19, quant à elle, est abordée mais pas détaillée compte tenu de l'évolution constante des recommandations. En outre, il est préconisé de procéder au rattrapage du retard vaccinal lié à la pandémie.

Déjà présente au calendrier vaccinal de 2020, l'extension de la vaccination contre l'infection à papillomavirus humain (HPV) aux garçons de 11 à 14 ans révolus a été confirmée. Elle est applicable depuis le 1er janvier 2021 avec un schéma en 2 doses. Un rattrapage est possible chez les adolescents et les jeunes hommes de 15 à 19 ans révolus, avec un schéma en 3 doses. Pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, la vaccination contre le papillomavirus est recommandée jusqu'à l'âge de 26 ans. Le vaccin privilégié est le Gardasil 9.

En ce qui concerne la grippe saisonnière, on note un élargissement de la cible des professionnels pour lesquels la vaccination est recommandée. Les pompiers ainsi que les aides à domicile (salariées d'une entreprise ou d'un particulier employeur) sont considérés comme des publics prioritaires. Par ailleurs, un nouveau vaccin quadrivalent viendra s'ajouter à la prochaine campagne de vaccination anti-grippale. Efluelda, plus dosé, sera destiné aux personnes âgées de 65 ans et plus et se fera en 1 dose. Il s'ajoute aux autres vaccins habituels : Vaxigrip Tetra et Influvac Tetra.

Les différents vaccins obligatoires

Outre le tétanos, la diphtérie et la poliomyélite, 8 nouveaux vaccins sont donc passés du statut « recommandé » à celui d’obligatoire. Petite revue d’effectif des anciens et des nouveaux arrivants.

Avant 2018

Diphtérie

Avec ses symptômes proches de l’angine, cette maladie très contagieuse se transmet par la toux ou les éternuements. Très meurtrière jusque dans les années 30, la systématisation de la vaccination a permis de réduire considérablement son influence au point de la faire disparaître du territoire français. Toutefois, elle reste encore très vivace dans certaines parties du monde comme l’Asie du Sud-Est ou l’Afrique et la perpétuelle mondialisation couplée à l’explosion des voyages intercontinentaux fait de ce vaccin un indéboulonnable.

Tétanos

Non contagieuse, cette infection virale demeure une menace permanente pour toute la population du fait de la présence naturelle dans la terre de la bactérie responsable : la Clostridium tetani. La contamination se fait par une blessure, une coupure ou une plaie mal cicatrisée et entraîne une pathologie qui se manifeste par des contractions musculaires intenses et des convulsions qui entraînent la mort par asphyxie dès lors qu’elle atteint les muscles respiratoires.

Poliomyélite

Cette infection, souvent raccourcie à « Polio » est issue d’un poliovirus, dont la transmission se fait via l’ingestion d’aliments ou de boissons contaminés par des selles infectées. Particulièrement handicapante, la poliomyélite doit sa vaccination obligatoire au fait qu’elle soit une maladie orpheline, c’est à dire sans aucun traitement spécifique connu à ce jour.
 

Depuis 2018

Coqueluche

Cette maladie des voies respiratoires très contagieuse touche toutes les tranches d’âges mais s’avère particulièrement grave et mortelle chez le nourrisson de moins de 4 mois. En ce qui concerne sa transmission, elle peut se faire de nourrisson à nourrisson mais aussi d’adulte à nourrisson. Or, la durée de protection conférée par le vaccin se situe sur une plage allant de 5 à 10 ans et nécessite un rappel régulier. Ainsi, l’obligation s’inscrit dans une stratégie dite de « cocooning » qui permet d’éviter toute contamination par négligence de la part des parents qui sont eux aussi encouragés à se faire se vacciner.

Hépatite B

Même si dans 90 % des cas la maladie se résorbe d’elle-même au bout de quelques semaines, des infections plus sévères peuvent persister et provoquer des lésions au niveau du foie pouvant conduire à la cirrhose et au cancer. Toutefois, le changement de statut de son vaccin a créé le plus d’incompréhension sachant que cette infection virale ne se transmet que par le sang ou les relations sexuelles. Pendant longtemps, la vaccination n’a, d’ailleurs, concerné que les groupes ayant le plus de risques d’exposition, à savoir les adolescents et le personnel médical. Mais il s’est avéré que le vaccin contre l’hépatite B avait une durée de vie très longue et pouvait protéger le porteur jusqu’à l’âge adulte sans rappel. D’autre part, les effets secondaires sont beaucoup moins importants que chez l’adulte.

Rougeole

Caractérisée par une fièvre foudroyante accompagnée d’une toux progressivement marquée, la rougeole se manifeste surtout par une éruption cutanée sur le visage et le corps après plusieurs jours. Les complications éventuelles se déclinent en différentes pathologies comme l’otite, la pneumonie voire dans les cas les plus graves l’encéphalite qui peut entraîner la mort. Avec son virus se transmet par la toux et les éternuements, elle avait quasiment disparu du paysage français, il y a encore une décennie. Mais une recrudescence inattendue s’est produite en 2008 touchant près de 24 000 personnes pour 30 cas de complications graves et 10 décès. Hier encore seulement recommandé, son vaccin est devenu obligatoire depuis le 1er janvier 2018 pour tous les enfants nés à compter de cette date.

Oreillons

Les oreillons sont une maladie infantile qui ne connaît que de très rares exceptions chez les adultes. Sa transmission s’effectue par la salive et se manifeste par de la fièvre et un gonflement douloureux des glandes salivaires. Même si elle ne connaît aucun traitement spécifique, cette infection est bien souvent bénigne chez les enfants. En revanche, elle peut être la cause de stérilité chez l’adulte et provoquer de graves complications comme la surdité, l’inflammation du pancréas ou des testicules voire une méningite. Hors vaccination, elle est d’ailleurs la première cause de cette dernière chez l’enfant. Son cas est un peu à part puisqu’au delà de ses aggravations potentielles, son vaccin est couplé avec ceux de la rougeole et de la rubéole.

Rubéole

Malgré son caractère bénin, cette maladie demeure très dangereuse pour la femme enceinte puisqu’elle peut contaminer le fœtus et occasionner des interruptions de grossesse. Très impressionnante, la rubéole se manifeste par une forte fièvre et l’apparition de boutons sur le visage et le reste du corps. Elle entre dans le cadre d’une vaccination combinée avec ceux de la rougeole et des oreillons.

Pneumocoque

Cette bactérie est responsable d’infections comme peuvent l’être les otites, les sinusites, les pneumonies ou encore les septicémies. Elle se transmet par la salive, la toux et les éternuements. Elle représente également l’une des premières causes de méningites que ce soit chez l’enfant ou chez l’adulte avec un taux de gravité assez alarmant de 10 % de mortalité chez les enfants atteints et 30 % de victimes de séquelles sévères. Encore une fois, l’idée de la vaccination obligatoire tend vers une systématisation du principe de précaution.

Méningocoque C

Autre bactérie responsable de la méningite, le méningocoque C touche près de 600 personnes par an en France et parmi eux une majorité de nourrissons de moins d’un an. Conduisant également à des septicémies, cette bactérie se transmet par la toux et les postillons.    

Haemophilus influenzae de type b

Dernière bactérie reliée à la méningite, Haemophilus influenzae de type b touche, elle aussi, plus fréquemment les enfants et les nourrissons et se transmet très facilement par les voies buccales. On dénombre chaque année entre 500 et 600 cas en France.

 

Le nouveau calendrier vaccinal

Si le calendrier de vaccination en lui-même n’a pas vraiment changé, ses priorités ont, quant à elles, évoluées. Désormais 11 vaccins sont obligatoires et ne feront pas exception, au risque d’être rejeté des  différentes collectivités que votre enfant sera amené à fréquenter. Et si cette décision intervient par surprise et apparaît comme un coup de force de la part du gouvernement, elle ne répond finalement qu’à l’automatisation d’un principe de précaution pour les générations futures et contre les regains inattendus de certaines maladies que tout le monde croyait guéries pour de bon. Notre système immunitaire apprend certes vite mais quelques rappels réguliers ne sont pas négligeables pour l’aider à nous défendre

Pour conclure, nous vous proposons une photographie du avec les différentes étapes qui jalonneront la vie de votre enfant et la votre. La grippe étant un virus qui mute en permanence, un nouveau vaccin doit être réalisé chaque année.
 

Age de l’enfant

Vaccins à effectuer

1 mois

Tuberculose – Vaccin BCG SSI

2 mois

DTCaPolio Hib Hep B + Pneumocoque
Rotavirus

3 mois Méningocoque B - Rotavirus

4 mois

DTCaPolio Hib Hep B + Pneumocoque
Rotavirus

5 mois

Méningocoque C
Méningocoque B

11 mois

DTCaPolio Hib Hep B + Pneumocoque

12 mois

Méningocoque C + ROR 1
Méningocoque B

Entre 16 et 18 mois

ROR 2

2 ans à 17 ans révolus Grippe

6 ans

DTCaPolio

Entre 11 et 13 ans

dTCaPolio

Entre 11 et 14 ans (Jeunes filles et jeunes hommes)

Papillomavirus (2 doses)

25 ans

dTCaPolio

Jusqu’à 26 ans révolus (hommes homosexuels et bisexuels)

Papillomavirus (3 doses)

45 et 65 ans puis tous les dix ans

dTPolio

65 ans à 74 ans révolus

Zona (dose unique)
Grippe (tous les ans)

75 ans et plus dTPolio (tous les 10 ans)
Grippe (tous les ans)

Légende
En gras, les vaccins obligatoires pour tous les enfants nés à partir du 1er janvier 2018
En gris, les vaccins recommandés.
D : Diphtérie dose entière
d : Diphtérie dose réduite
Ca : Coqueluche dose entière
ca : Coqueluche dose réduite
T : Tétanos
P : Poliomyélite
Hib : Haemophilius influenzae de type B
Hep B : Hépatite B
ROR : Rougeole, oreillons, rubéole

Pour plus d'informations sur la vaccination, consultez notre fiche consacrée à la plateforme mesvaccins.net