Quelles sont les causes des vertiges ?

  • Par Myriam Gorzkowski, mis à jour le 02/12/2024 à 08h12, publié le 14/08/2018 à 12h08
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Quelles sont les causes des vertiges ?
Les vertiges sont des sensations difficiles à vivre. Ils laissent une fausse impression de mouvement et altèrent la perception de l'environnement. Entre un cinquième et un tiers des adultes les auront expérimentés au moins une fois dans leur vie. Les vertiges peuvent être sans conséquences ou au contraire être le signe de troubles graves. Ils sont parfois à l'origine de chutes potentiellement dramatiques, particulièrement pour les personnes âgées, induisant des fractures et une perte d'autonomie.
On désigne parfois sous le terme de vertiges une perte d'équilibre, l'agoraphobie et quelques autres phénomènes, qui ne sont pas à proprement parler des vertiges mais qui laissent une impression très désagréable. Pharma GDD vous explique comment fonctionne notre équilibre, les principales formes de vertiges et de sensations vertigineuses ainsi que les traitements et thérapies existantes.

Comment fonctionne l'équilibre ? 

L’équilibration est ce qui nous permet de ne pas tomber et de maintenir notre position et notre posture. Pour parvenir à conserver son équilibre, le corps dispose de trois moyens :
  • la vision,
  • le vestibule, situé dans chaque oreille,
  • les capteurs somesthésiques.
Ces derniers sont situés au niveau de la plante des pieds ainsi que dans les articulations, les tendons et les muscles. Ce sont eux qui nous permettent de connaître la position des différentes parties de notre corps.
Le vestibule est situé dans l’oreille interne. Nous en avons chacun deux, un par oreille. Ces vestibules jouent le rôle d’accéléromètres du corps. Leur principe de fonctionnement est simple : un liquide stagne dans des cavités recouvertes de cellules ciliées. Lors des mouvements de la tête, le liquide bouge, activant diverses cellules ciliées, ce qui permet de nous renseigner sur les mouvements. Dans une partie de ces vestibules, des otolithes, des concrétions minérales semblables à de petites pierres, sont accrochées aux parois et contribuent également à l’équilibration de l’organisme.
À ces trois systèmes – vision, somesthésie et vestibules – plusieurs études ajoutent un quatrième capteur nécessaire à l’équilibre : l’audition. Le fait d’entendre les sons de l’environnement permettrait d’en dresser une sorte de carte mentale en trois dimensions. Cette carte nous aiderait à positionner notre corps dans l’environnement.

Les informations collectées par ces différents capteurs parviennent ensuite aux noyaux vestibulaires puis aux centres nerveux. Une réponse motrice est alors émise. Elle prend la forme de deux réflexes : un réflexe vestibulo-oculaire qui va stabiliser le regard, et un réflexe vestibulo-spinal, qui va agir sur les muscles pour maintenir notre posture. Ces phénomènes échappent à notre conscience. Ce sont eux qui nous donnent notre équilibre.

Mais des dysfonctionnements peuvent survenir tout au long de cette chaîne, soit au niveau des capteurs, soit au niveau des noyaux vestibulaires et au niveau cérébral. Ce sont les vertiges.

Les causes des vertiges

Le mot vertige provient du latin vertigo, qui désigne un tournoiement. On peut diviser les vertiges en deux grandes catégories : ceux d’origine périphérique et ceux d’origine centrale. Chez ces derniers, le problème se situe au niveau du cervelet et du tronc cérébral. Ils sont donc potentiellement très graves.
Il existe plus de 70 causes de vertiges différentes, mais certains sont beaucoup plus fréquemment rencontrés que d’autres.

Les principaux vertiges à cause périphérique

Par opposition à ce que l’on observe dans le vertige central, le trouble à l’origine des vertiges périphériques ne concerne pas le cerveau ou le cervelet, mais se trouve au niveau des vestibules. On parle de syndrome vestibulaire. Les vestibules fonctionnent normalement de façon couplée. Si l’on tourne la tête vers la droite, un des vestibules va s’activer d’une façon particulière, et l’autre va également s’activer, mais de façon inverse. Cette asymétrie entre les deux vestibules est analysée par le cerveau et lui permet de comprendre que la tête a bougé et s’est tournée vers la droite.
Lorsqu’un vestibule est défaillant, mais que l’autre fonctionne normalement, il se crée une asymétrie très perturbante. Le corps a l’impression qu’il y a eu mouvement alors que ce n’est pas le cas. À cela s’ajoute le fait que cette information de mouvement ne concorde pas avec ce que renvoient les autres capteurs (vision et somesthésie). Le cerveau ne sait pas gérer des informations aussi discordantes.

Le vertige périphérique le plus courant est le Vertige Positionnel Paroxystique Bénin, ou VPPB. Deux autres causes de vertiges souvent rencontrées sont la névrite vestibulaire et la maladie de Ménière.

Les causes du VPPB

Le Vertige Positionnel Paroxystique Bénin est de durée très courte : de 20 à 40 secondes. Il survient lors de mouvement de rotation de la tête, par exemple lorsque le patient est allongé et se retourne dans son lit, ou s’apprête à s’asseoir. Il peut aussi survenir alors que le patient est debout et qu’il baisse ou au contraire lève la tête.
Il est provoqué par le décrochage et la circulation d’otolithes dans un des vestibules.
Pour établir son diagnostic, le médecin va interroger le patient et pratiquera la manœuvre de Dix et Hallpike. Ce geste réalisé par le praticien provoque le vertige en cas de VPPB. Comme le réflexe vestibulo-oculaire, qui stabilise normalement le regard, est perturbé, le patient souffre, lors des vertiges, d’un nystagmus, un mouvement involontaire en saccade des yeux.
Une fois le diagnostic réalisé, le traitement passe par des manipulations : la manœuvre de Sémont, ou, si le patient a les vertèbres fragiles, la manœuvre d’Epley. Ces manœuvres visent à déplacer les otolithes de façon à ce qu’ils ne posent plus de problèmes.

La maladie de Ménière

Contrairement au VPPB, déclenché par un mouvement de la tête, la maladie de Ménière provoque des vertiges sans déclencheur identifiable par le patient. Ces vertiges durent entre une vingtaine de minutes et quelques heures. Le patient souffre également d’acouphènes (des bourdonnements ou des sifflements qui demeurent même sans bruits extérieurs) et d’une baisse d’audition dans une oreille (hypoacousie). Là aussi, la maladie déclenche un nystagmus, souvent différent de celui observé dans le VPPB.
On ne connaît pas la cause de cette maladie, aussi appelée Syndrome de Ménière. Elle est déclenchée par une trop forte pression du liquide au niveau d’un des vestibules, un phénomène nommé « hydrops labyrinthique ».
A terme, la maladie de Ménière évolue vers une surdité dans l’oreille touchée. Dans un cas sur 10, la maladie s’étend à l’autre oreille.
Lors des crises, le patient peut prendre des antivertigineux : acétylleucine, scopolamine via un patch, méclozine, diphénhydramine, sulpiride ainsi que les anxiolytiques.
En traitement de fond, il est de coutume de demander aux patients d’adopter un régime pauvre en sel. En théorie, ce type de régime entraîne une baisse de la pression des liquides dans l’organisme et donc du liquide impliqué dans la maladie.
Les médicaments habituellement utilisés en cas de vertige de Ménière sont ceux contenant de la bétahistine, qui agirait en diminuant la pression exercée par le liquide à l’origine du trouble. Des diurétiques sont également prescrits, toujours pour éliminer les liquides.
Les corticoïdes, particulièrement la dexaméthasone, sont recommandés pour lutter contre les acouphènes et diminuer l’intensité des vertiges.
Pour les patients souffrant de vertiges sévères et très difficiles à vivre, le traitement peut passer par la destruction des cellules du vestibule, de façon à faire cesser les informations contradictoires. A cette fin, on injecte à travers le tympan de la gentamicine, un antibiotique. Il existe néanmoins un risque de perte de l’audition.
Enfin, il existe aussi diverses options chirurgicales si les médicaments sont inefficaces. Ces interventions visent soit à diminuer la pression de liquide, soit à neutraliser le fonctionnement du vestibule : ce sont la labyrinthectomie ou la neurotomie.
Comme les systèmes qui permettent l’équilibration sont redondants, un processus de compensation se met en place, qui permet de pallier la perte d’un des vestibules. Une phase de rééducation permet de faciliter cette compensation.

Les causes du vertige vestibulaire

Il est aussi appelé névrite vestibulaire ou vestibulopathie unilatérale. C’est la deuxième grande cause de vertiges périphériques, après les VPPB. Il s’agit d’une inflammation du nerf vestibulaire qui provoque un vertige intense et continu durant plus d’une journée, accompagné de nausées et de vomissements, mais sans acouphènes ni perte de l’audition. Comme avec le VPPB, il y a un nystagmus, de forme différente. La cause de la névrite vestibulaire est inconnue, mais l’on soupçonne un virus d’en être à l’origine, en particulier l’herpès.
Le vertige disparaît après quelques jours. Les récidives sont peu courantes.
Le traitement passe par le repos en position allongée. Les médicaments contre les vertiges généralement prescrits sont les corticoïdes (prednisolone), les anti-émétiques (metoclopramide, ondansétron) et les anti-vertigineux. Le médicament Tanganil, par exemple un antivertigineux, est un médicament sans ordonnance
Si le vertige dure, une rééducation sera nécessaire pour apprendre au cerveau à compenser l’altération du système vestibulaire.

Autres causes de vertiges

Parmi les autres causes de vertiges périphériques, on trouve la fistule périlymphatique, le neurinome de l’acoustique, le cholestéatome, le zona…

Les vertiges à cause centrale

Leur origine se trouve au niveau des noyaux vestibulaires, du cervelet ou du tronc cérébral. Ils sont potentiellement graves. Le médecin devra les différentier des vertiges à cause périphérique. Certains signes pointent vers un vertige à cause centrale : la durée longue du vertige, sa survenue brusque, la présence de maux de tête, la perte de connaissance, divers symptômes neurologiques absents lors des vertiges périphériques…
Les vertiges à cause centrale déclenchent aussi un nystagmus reconnaissable : contrairement aux vertiges périphériques, les nystagmus des vertiges à cause centrale sont verticaux, multidirectionnels et ne touchent parfois qu’un seul œil.
Les causes sont variées. Les vertiges à cause centrale sont :
  • l’accident vasculaire cérébral (AVC) ou l’accident ischémique transitoire (AIT) du tronc, cérébelleux ou vertébro-basilaire. C’est une situation d’urgence.
  • le syndrome de Bickerstaff ou migraine basilaire.
  • la sclérose en plaques.
  • les tumeurs de l’angle ponto-cérébelleux.
Un vertige à cause centrale mène à une hospitalisation d’urgence.

Les facteurs aggravant ou induisant des vertiges

Certains gestes, substances, médicaments et produits sont susceptibles de provoquer ou d’aggraver des vertiges.

Les médicaments et les substances

Les principaux médicaments induisant des vertiges sont :
  • les antibiotiques et anti-viraux de type macrolides, aminoglycosides, oseltamivir, chloroquine, quinine, érythromycine, vancomycine…
  • les cytostatiques (anti-cancéreux) : carboplatine, cisplatine, vincristine, vinblastine, paclitaxel bléomycine, vinca-alcaloïdes, méthotrexate…
  • les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).
  • les anesthésiques loco-régionaux : bupivacaïne, lidocaïne.
  • certains antidépresseurs et anxiolytiques-sédatifs.
  • certains médicaments prescrits en rhumatologie : allopurinol, diphosphonates, sulfasalazine...
  • l’alcool et les opiacés.

Les gestes et les sons

Dans certains cas, des gestes peuvent provoquer un vertige : les mouvements de la tête, se lever, se coucher, lever la tête ou la baisser, tourner vivement la tête.
Se moucher est également susceptible de déclencher un vertige.
Les personnes avec une connexion anormale entre leur oreille externe ou moyenne et leur système vestibulaire peuvent être sensible au phénomène de Tullio. C’est un vertige induit par des sons qui exercent une pression atteignant le système vestibulaire.

Que faire contre les vertiges ?

Au-delà des traitements médicamenteux, des solutions existent pour faciliter la vie des personnes souffrant de vertiges.

Quelle huile essentielle pour les vertiges ?

L’huile essentielle de menthe poivrée est réputée pour des effets anti-vertiges. Pour bénéficier de ses effets, il faut la respirer. Vous pouvez utiliser un diffuseur. Attention : la diffusion est à éviter pour les personnes asthmatiques, allergiques ou épileptiques.
Associée aux huiles essentielles de gingembre et de citron, l’huile essentielle de menthe poivrée un très bon anti-nauséeux. Pour cet usage, c’est la voie orale qui doit être utilisée. Attention : l’huile essentielle de menthe poivrée ne doit pas être utilisée par les femmes enceintes ou allaitantes, ni par les enfants âgés de moins de 6 ans. Les huiles essentielles de gingembre et de citron sont à éviter pendant le premier trimestre de grossesse. Demandez conseil à votre pharmacien.

Phytothérapie

Le gingko biloba est une plante originaire d’Asie ; il fait partie de la médecine traditionnelle chinoise. Il est consommé pour réduire la sévérité des vertiges.
Autre plante couramment utilisée contre les vertiges : la mélisse.

Homéopathie

En homéopathie, la souche Bryonia est conseillée pour contrer les vertiges induits par les mouvements ou par le lever du lit le matin. Borax est à prendre pour éviter les vertiges provoqués par les gestes de descente, Argentum nitricum contre l’agoraphobie, Conium en cas de vertiges paroxystiques et Gelsemium lorsque ses jambes se dérobent sous soi.

L’environnement

En parallèle des traitements, il convient de préparer son environnement pour mieux vivre la maladie causant les vertiges.
Ainsi, il faudra faire attention aux tapis dans lesquels on risque de se prendre les pieds. S’aider d’une canne pour se déplacer permet de bénéficier d’assurance et de conserver un minimum de mobilité. Enfin, des sièges spéciaux existent pour prendre sa douche en position assise.

Les sensations vertigineuses

Ce ne sont pas à proprement parler des vertiges, mais des sensations que l’on associe à des vertiges. Il s’agit notamment des pertes d’équilibre, des pré-syncopes (sensation de perte de connaissance), des étourdissements, de diverses phobies, des vertiges d’altitude, des malaises… Même si ce ne sont pas des vertiges, ils n’en restent pas moins déstabilisants. Les principaux sont :
 
  • L’hypotension orthostatique : c’est une chute de la tension artérielle qui peut entraîner un malaise et une perte de connaissance. Lorsqu’une personne se lève de son lit, 500 à 700 ml de sang passent de la partie supérieure à la partie inférieure de son corps très rapidement. L’organisme est normalement doté de mécanismes pour empêcher une chute de la pression dans les artères lors de ce processus. Lorsque ces sécurités sont défaillantes, la pression artérielle chute et le cerveau est mal alimenté, ce qui explique le malaise, le voile devant les yeux, les étourdissements... Dans la majorité des cas, ce sont des médicaments qui en sont responsables. Pour prévenir l’hypotension orthostatique, il faut se lever lentement, contracter les muscles des membres inférieurs, faire de l’exercice et s’équiper de bas de contention.
  • le malaise vagal : c’est un évanouissement bref, provoqué par un déséquilibre entre le système qui permet d’accélérer le rythme cardiaque et celui qui permet de le ralentir. Les déclencheurs de malaises vagaux sont multiples : effort physique brusque, émotion intense, douleur… Le malaise vagal peut s’accompagner de maux de ventre, de céphalées, de bouffées de chaleur, d’acouphènes, de sueurs et de nausées…
  • la lipothymie : aussi appelée pré-syncope, elle désigne un malaise, mais sans perte de connaissance. Ses causes sont variées.
  • l’attaque de panique : apparition d’une sensation de peur très puissante, accompagnée notamment de l’impression de perdre le contrôle et de sensations de vertiges.
  • les vertiges d'altitude, vertiges des hauteurs et acrophobie : l’acrophobie est la phobie de l’altitude, les vertiges d’altitude ou des hauteurs sont des malaises ou des sensations d’insécurité survenant en situation élevée.
  • les crises d’épilepsie : les vertiges sont un des composants de la crise d’épilepsie. Le mécanisme en jeu implique des décharges anormales dans les neurones.
Le vertige peut être le signe d’un trouble potentiellement grave. Il ne faut pas hésiter à consulter un médecin, sauf si la cause du trouble est la cinétose, aussi appelée mal des transports. Les traitements existants permettent d’atténuer les vertiges, voire dans certains cas de les supprimer totalement.