Déni de grossesse : comment une femme peut être enceinte sans le savoir ?

Déni de grossesse : quels sont les mécanismes qui entrent en jeu ? comment est-ce possible ? En France, près de 3 000 femmes sont concernées chaque année par un déni de grossesse. Comment peuvent-elles être enceintes sans le savoir ? C’est la question que l’on s’est posée et pour laquelle on vous apporte des réponses pour mieux comprendre ces femmes et lever les tabous.

Qu’est-ce qu’un déni de grossesse ?

On parle de déni de grossesse lorsque la femme apprend qu’elle est enceinte à partir de la quatorzième semaine d’aménorrhée. Il existe deux différents types de déni : le déni partiel et le déni total.
On parle de déni partiel, lorsque la femme découvre sa grossesse avant l’accouchement.
On parle de déni total lorsque la femme découvre sa grossesse au moment de l’accouchement.

Le déni de grossesse est encore un sujet tabou. Difficile de croire qu’une femme puisse êt enceinte sans s’en apercevoir, et pourtant… Selon les spécialistes de ce phénomène, quand une femme fait un déni de grossesse, elle ne cache pas sa maternité, elle l'ignore, elle n’en n’a pas conscience, son discernement est altéré. Le cerveau peut même faire disparaitre tous les signes physiques d’une grossesse.

Que ressent une femme qui fait un déni de grossesse ?

Rien de sa grossesse. Cette grossesse est invisible à l'œil nu, et pas ou peu de symptômes apparaissent. La femme peut continuer à avoir des saignements réguliers qui peuvent s’expliquer par la prise de sa pilule contraceptive, ne se sachant pas enceinte. Son corps ne se modifie pas. Pas de nausées, pas de seins gonflés, pas de mouvements du fœtus ressentis, pas de prise de poids….Une femme maigre peut avoir un bébé de trois kilos dans son ventre sans que cela se voie. 

Dans un déni partiel, lorsqu’une femme prend conscience de sa grossesse, son ventre peut commencer à gonfler. Des femmes relatent que le ventre s’est mis à grossir en quelques heures dès qu’elles ont pris conscience de leur grossesse. Ce qui montre la puissance de l’inconscient.

Dans un déni total, la femme accouche sans savoir qu'elle est enceinte, pensant souffrir d'un trouble digestif. Les mouvements du fœtus vont bel et bien avoir lieu, mais la force du déni va atténuer la sensation chez la future mère qui va ressentir un léger trouble sans percevoir qu’il s’agit de l’enfant à naître.

Le déni de grossesse est collectif, car personne n'imagine qu'elle est enceinte, ce qui renforce le déni psychique.

Où se place le bébé ?

Dans le ventre, le bébé se positionne à la verticale, ce qui le rend quasi-indétectable. Les muscles abdominaux se tendent pour éviter tout changement visible. L'utérus devient plus lourd et volumineux, s'inclinant parfois vers l'avant, repoussant les intestins pour créer de l'espace. Tout le corps se met au service du déni, ce qui n’aide pas la femme enceinte à reconnaître la grossesse, même lorsque quelques indices peuvent lui laisser penser qu’elle est enceinte.

Quelles sont les causes d’un déni de grossesse ?

Le déni de grossesse qui peut toucher les femmes de toutes les classes sociales est la conséquence de plusieurs facteurs. La cause principale du déni est psychologique. Le cerveau de la femme enceinte adopte une stratégie de défense inconsciente afin de se protéger. L’angoisse de porter un enfant ou d’être mère, des éléments du passé, des traumatismes de l’enfance, un mauvais rapport au corps et à la sexualité peuvent créer une angoisse à l’origine d’un déni de grossesse. Il peut aussi être causé à la suite à une agression sexuelle, d'un contexte familial difficile, de grossesses rapprochées, ou lorsque la femme pense être stérile.

Comment diagnostiquer un déni de grossesse ?

Des douleurs abdominales peuvent amener les femmes en déni de grossesse à consulter un médecin pour un examen médical et apprendre la nouvelle à ce moment-là. S’il s’agit d’un déni de grossesse partiel, l’annonce de la grossesse peut entraîner en quelques heures des transformations physiques de la femme avec un ventre qui s’arrondit et l’apparition d’autres symptômes caractéristiques de la grossesse. Lorsque le déni se prolonge jusqu’à l’accouchement, la femme souffre de fortes douleurs abdominales l’amenant aux urgences dans la majorité des cas.

Quelles sont les conséquences d'un déni de grossesse pour la mère et l’enfant ?

Le déni de grossesse peut avoir de graves conséquences pour la mère et l'enfant.

La mère peut être exposée à des risques de complications au moment de l’accouchement. Cette grossesse inattendue peut avoir des conséquences psychologiques : choc et refus de la maternité ; difficulté à créer des liens affectifs avec son bébé ; traumatisme lié aux douleurs l’accouchement ; culpabilité par rapport aux comportements durant la grossesse (tabac, alcool…), dépression post-partum… Le futur bébé peut être impacté par les habitudes de vie de la femme, tabac, caféine, alcool…

Le bébé né d'un déni de grossesse peut être exposé à des complications comme la prématurité, un faible poids à la naissance et un retard de développement psychomoteur. Le taux de mortalité périnatale atteint 5%, et un retard de langage est constaté chez 30% des enfants né d'un déni, à 2 ans.

Que se passe-t-il après l’accouchement qui suit un déni de grossesse ?

Après l’accouchement, la femme est libre de choisir si elle souhaite garder l’enfant ou non. En cas de déni partiel, il est possible de réaliser les procédures nécessaires avant l’accouchement pour accoucher sous X (soit anonymement). Lors d’un déni de grossesse complet, si la mère ne souhaite pas garder l’enfant, elle peut décider d'accoucher sous X. L'enfant sera confié à l'aide sociale à l'enfance en vue d’une adoption. La mère a le droit de changer d'avis et de récupérer son bébé dans un délai de deux mois après l’accouchement. Mais la mère peut accepter cette arrivée brutale du bébé et décider de le garder. La plupart des femmes ayant subi un déni de grossesse développent très rapidement un instinct maternel.

Quelles peuvent être les répercussions psychologiques d'un déni de grossesse ?

Un déni total peut être traumatisant lors de l'accouchement, nécessitant une prise en charge psychologique. Certaines femmes peuvent ressentir de la culpabilité de n’avoir pas remarqué sa grossesse. Sans préparation émotionnelle, la jeune maman n'a pas le temps de créer un lien avec le fœtus, ce qui peut entraîner une relation difficile avec l’enfant.

Comment se reconstruire après un déni de grossesse ?

Il est essentiel de fournir un soutien psychologique à une femme qui découvre tardivement sa grossesse, qu'elle choisisse de garder l'enfant ou non. Les psychologues et psychiatres qui accompagnent ces femmes ont pour première mission de comprendre les raisons psychologiques de ce refus de grossesse. Cette compréhension est cruciale pour les aider à prendre soin d'elles-mêmes mais aussi du fœtus ou du bébé. Un suivi psychologique est également indispensable pour prévenir la récidive. Il existe des groupes de paroles entre femmes qui ont fait un déni de grossesse. Ces groupes peuvent constituer un soutien indispensable pour pouvoir parler de son expérience, tout en écoutant celles des autres femmes qui ont vécu une grossesse invisible.

À retenir

Selon les spécialistes quand une femme fait un déni de grossesse, elle ne cache pas sa maternité, elle l'ignore, elle n’en n’a pas conscience, son discernement est altéré. Le cerveau peut même faire disparaitre tous les signes physiques d’une grossesse.