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Médicaments et soleil : attention à la photosensibilisation !

  • Par Myriam Gorzkowski, mis à jour le 29/08/2023 à 09h08, publié le 28/09/2014 à 22h09
  • Temps de lecture : ~ 0 minutes
Médicaments et soleil : attention à la photosensibilisation !
C'est l'été, le soleil nous irradie de ses rayons et l'on a envie de s'exposer, pour bronzer ou pour plus simplement bénéficier d'une agréable sensation de chaleur. Mais si l'on a pris certains médicaments, on risque une réaction toxique ou allergique sur la peau. Les molécules des produits réagissent aux rayonnements solaires. C'est la dermite due à une photosensibilisation. Ce phénomène ne se limite pas aux médicaments : certains végétaux et produits dérivés de plantes sont également susceptibles de déclencher ce genre de réactions. Pourquoi la peau réagit-elle ainsi ? Quelles sont les différences entre la phototoxicité et la photoallergie ? Quels sont les médicaments et végétaux qui les déclenchent ? Et comment s'en prémunir ? Les réponses à ces questions sur Pharma GDD !
 

Qu'est-ce que la photosensibilisation ?

La photosensibilisation désigne la réaction pathologique de la peau consécutive à l’interaction entre une substance présente dans la peau et le rayonnement du soleil. En d’autres termes, certains végétaux ou médicaments libèrent des substances qui vont se retrouver au niveau de la peau. Lorsqu’elles sont exposées aux rayonnements solaires, ces substances vont réagir et provoquer une réaction cutanée anormale.
 
Lors de l’exposition au soleil, les photons – particules élémentaires de lumière – vont faire réagir les substances présentes dans la peau en élevant leur niveau d’énergie. Cet état activé est temporaire, et il s’ensuit un phénomène de désactivation. Lors de ce processus, il y a création de ce que l’on appelle un « photoproduit ». Il peut déclencher une soit une réaction photo-toxique, soit une réaction photo-allergique.
 
Les médicaments et végétaux susceptibles de déclencher ce genre de réactions peuvent avoir été pris oralement ou avoir été appliqués directement sur la peau. En effet, après une prise orale, les molécules vont se diffuser dans l’organisme et certaines vont se retrouver au niveau de la peau.
 
Lorsque la photosensibilisation aboutit à la création d’un photoproduit qui provoque des dommages aux composants des cellules, on parlera de phototoxicité. Lorsqu’elle conduit à la formation d’un allergène (nommé photoallergène) qui va entraîner une réaction d’hypersensibilité, on parlera de photoallergie.

La phototoxicité

Elle présente les mêmes signes et réactions cutanées qu’un coup de soleil : érythème (rougeur), parfois avec un œdème, des lamelles de peau et des cloques. Ce « coup de soleil » est particulièrement intense et semble disproportionné par rapport à l’exposition qui l’a déclenché. Il n’apparaît que sur les zones de peau exposées au soleil. Il survient rapidement, en quelques heures, et cesse quelques jours après arrêt de l’exposition aux rayons du soleil ou élimination de la substance photosensibilisante. La phototoxicité dépend de la quantité de rayonnement reçue, de la pilosité, de la pigmentation de la peau, de l’épaisseur de la couche cornée et de la quantité de substance présente au niveau cutané. En résumé, c’est une réaction :
  • qui prend la forme d’un coup de soleil intense,
  • d’apparition et de guérison rapide,
  • qui ne touche que les zones exposées au soleil.
On note trois cas particuliers : la dermite des prés, la dermite pigmentaire en breloque et la photo-onycholyse.
  • La dermite des prés est une éruption cutanée survenant suite à la conjonction de trois éléments : des végétaux phototoxiques, de l’humidité et l’exposition aux rayons du soleil.
  • La dermite pigmentaire en breloque fait suite à la rencontre entre une substance phototoxique déposée sur la peau, l’huile de bergamote, et les rayons solaires. Ce sont les anciens parfums, contenant de l’huile de bergamote, qui pouvaient provoquer cette réaction au niveau du cou des femmes et c’est ce qui a donné à cette dermite son nom. En effet, la breloque désignait notamment le pendentif, posé sur la poitrine des femmes et exposé au parfum. La bergamote n’est pas seule en cause, on retrouve cette réaction avec les huiles essentielles de lavande, de cèdre, de bois de santal et de vanille.
  • La photo-onycholyse est un décollement de l’ongle provoqué par un médicament photosensibilisant.

La photoallergie

C’est une réaction allergique. Elle est moins fréquente que la réaction phototoxique. Trois conditions doivent être réunies pour son déclenchement : une prédisposition chez la personne qui va être touchée, une exposition au soleil et une sensibilisation préalable au médicament. Chez certaines personnes prédisposées, il va donc y avoir un phénomène de sensibilisation à un médicament particulier. Par la suite, la moindre exposition au soleil après avoir à nouveau pris le médicament va déclencher la formation d’un allergène et la réaction photo-allergique. Celle-ci prend souvent la forme d’un eczéma aigu ou d’une urticaire. Contrairement à ce que l’on observe dans le cas de la photo-toxicité, la réaction allergique peut gagner les zones couvertes non exposées au soleil et elle peut être déclenchée par une faible quantité de substance photosensibilisante. La réaction allergique ne survient pas immédiatement, mais après un délai de un à trois jours après exposition au soleil. Elle disparaît également lentement. En résumé, la photoallergie :
- provoque un eczéma ou une urticaire,
- est d’apparition et de guérison lente,
- peut s’étendre aux zones protégées de l’exposition.
 
Parfois, la photosensibilité devient chronique et perdure plus d’une année malgré l’élimination de la substance photosensibilisante. C’est la dermatite actinique chronique, qui nécessite la prise d’immunosuppresseurs. Le traitement passe par l’évitement de la substance photosensibilisante et par l’application de produits permettant de soulager les irritations cutanées induites par les troubles. Dans certains cas sévères, le traitement passera par la prise de corticoïdes.

Quelles sont les substances photosensibilisantes ?

Ces substances se trouvent dans certains médicaments et végétaux. On peut également les trouver dans des produits utilisant des substances issues du monde végétal, comme certains cosmétiques.
 

Les médicaments photosensibilisants

Établir la liste exacte des médicaments photosensibilisants serait difficile, une personne pouvant réagir à un médicament qui ne déclenchera pas de réaction chez quelqu’un d’autre. Néanmoins, la Société Française de Dermatologie a établi la connus pour avoir déjà déclenché des réactions. Les principaux médicaments sont :

Photosensibilisation par voie générale

AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) Antiépileptiques
Statines Diurétiques (sulfamide, triamtérène)
Antidépresseurs Antiparasitaires
Antiarythmiques Inhibiteurs de l'Enzyme de Conversion (IEC)
Antibiotiques (quinolones, fluoroquinolones, tétracyclines, sulfamides, antibactériens) Anticancéreux
Antifongiques Inhibiteurs calciques
Neuroleptiques (chlorpromazine, phenothiazine) Antitussifs (oxomémazine)
Anxiolytiques Fibrates
Antiacnéiques  


Photosensibilisation par voie locale

  • Pommades antiallergiques
  • Pommades anti-acnéiques (adaptalène, isotrétinoïne, peroxyde de benzoyle)
  • Gels anti-inflammatoires
Sur le conditionnement des médicaments reconnus comme étant photosensibilisants figure un pictogramme particulier permettant de les identifier facilement. Demandez conseil à votre pharmacien. picto photosensibilisant
 

Les végétaux photosensibilisants

On distingue deux cas : la phototoxicité et la photoallergie. Les végétaux déclenchant des réactions phototoxiques sont ceux contenant des furocoumarines, parfois appelées furanocoumarines ou psoralènes. Les réactions photoallergiques ont pour origine les végétaux intégrant des lactones sesquiterpéniques.
 
Les végétaux à furocoumarines sont :
  • les apiacées / ombellifères : carotte sauvage, céleri, fenouil commun, panais, persil, suceptibles de toucher les jardiniers et maraîchers, et angélique vraie, ammi élevée, berce, concernant ceux qui s’exposent à ces végétaux après une baignade.
  • les fabacées : psoralier.
  • les moracées : figuier.
  • les rutacées : les agrumes du genre citrus, le dictame blanc et la rue fétide.
Ceux à lactones sesquiterpéniques sont :
  • les astéracées : artichaut, endive, arnica, camomille romaine, tournesol, chicorée, laitue, chrysanthème et dahlia.
  • le laurier noble.
  • les frullaniacées.
  • les magnolias à grandes fleurs.
Hors lactones sesquiterpéniques, les tulipes, certains lichens et les primevères obconiques sont connus pour également déclencher des photoallergies.
 
Les huiles essentielles à éviter avant exposition au soleil sont celles de céleri, d’angélique, de khella, de verveine et celles à base d’agrumes : citron, pamplemousse, orange, mandarine… Le macérât huileux de Millepertuis est également à proscrire avant un bain de soleil.
 

Les métiers et loisirs à risque

Certains métiers et loisirs exposent à un risque de photosensibilisation, particulièrement celles d’origine végétale. Ainsi, les maraîchers, fleuristes, horticulteurs, jardiniers et forestiers comptent parmi les professionnels les plus exposés. Mais la réaction photosensible aux végétaux peut également toucher les jardiniers amateurs, les chasseurs et randonneurs... Ou même simplement une personne qui s’allonge dans de l’herbe mouillée tout en étant exposé au soleil.
 

Comment s'en protéger ?

La prévention des réactions phototoxique ou photoallergique suit deux axes : la protection face aux rayons du soleil et l’évitement de la substance incriminée.
 

Identifier la substance photosensibilisante

Pour éviter la substance, encore faut-il l’avoir identifiée. Et avant de l’identifier, il faut être certain d’avoir été atteint par une réaction liée à une substance photosensibilisante. Si cela est possible, notez soigneusement les conditions de survenue de la réaction que vous pensez photosensibilisante : délai entre exposition au soleil et les traces sur la peau, délai de guérison, médicaments appliqués ou pris, végétaux auxquels vous pensez avoir été exposés… Si la substance est présente dans un produit d’application locale, alors la réaction n’a lieu que sur une partie de la peau exposée au soleil et sur laquelle le produit a été appliqué. En revanche, si la substance est dans un médicament ou un produit ingéré, alors, ce sont toutes les zones exposées aux rayons solaires qui sont marquées. Pour établir son diagnostic, le médecin interroge le patient et pratique un examen clinique. S’il n’a pas l’occasion d’examiner le patient lors d’un épisode de photosensibilisation, le médecin pourra demander la réalisation de tests spécifiques, effectués à l’aide de lampes particulières, simulant un ou plusieurs rayonnements solaires. Ces tests associent lampes spéciales et médicaments ou végétaux pour identifier les substances photosensibilisantes.
 

Se protéger des rayonnements

L’autre volet de la prévention passe par la protection face aux rayons du soleil. Ces rayons peuvent toucher directement et indirectement la peau : certaines surfaces ont un effet de réverbérations des rayons du soleil (sable, eau, neige…). Cette nécessité de se protéger peut s’étendre également à certaines lumières émises par des dispositifs, comme les lampes de solarium, certains éclairages professionnels, les soudures à l’arc… Il faut éviter de s’exposer au soleil entre midi et 16 heures, rechercher de préférence les zones ombragées, porter des lunettes de soleil et un chapeau à large bords, couvrir sa peau à l’aide de vêtements adaptés et mettre de la crème solaire en appoint, sur la peau non protégée.
 
Pour les vêtements, il faut privilégier ceux à tissage serré de couleur sombre. Le coton a un meilleur pouvoir filtrant que le polyester, tout en étant plus respirant. Il est possible de renforcer la protection offerte par les vêtements en sélectionnant ceux spécifiquement conçus pour protéger des UV. Ils contiennent des céramiques ou des composés absorbant les UV, leur permettant de protéger du soleil même lorsqu’ils sont mouillés. Les professionnels (fleuristes, jardiniers…) exposés au risque de réaction photosensible utiliseront des bottes et des gants, de préférence en nitrile, les gants en vinyle offrant une protection insuffisante.

 
La photosensibilisation peut concerner tout le monde, mais touche plus particulièrement certaines professions. Pour s’en protéger, il faut identifier la substance à l’origine du trouble, mais également éviter l’exposition au soleil.

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